Le whisky japonais et la navigation
Au gré des vents et des marées le fût tangue sous la coque
L'histoire du whisky au Japon est intimement liée à la navigation. Ses débuts dans l'empire du Soleil Levant coïncident avec l'ouverture de nouvelles routes commerciales, passages maritimes où le pacifique faisait miroiter bien des promesses.
Aussi, afin de mieux comprendre l'engouement des japonais pour le whisky, faut-il remonter dans le temps, et saisir l'importance des relations diplomatiques lorsqu'il s 'agit d'avancer les pions sur un échiquier toujours en mouvement ! En 1854 il fut offert à l'empereur du Japon plusieurs présents par le commodore d'une flotte américaine, parmi des livres, des revolvers et des machines se trouvait - en bonne place – du whisky bourbon... Les fûts, ainsi distribués au sein de la cour, permirent à cette précieuse denrée de s'introduire dans l'île !
Comme de bien entendu, après l'expédition, l'importation suivit. Or les japonais s’avérèrent si friands qu'ils s'intéressèrent de près au processus de fabrication du whisky. Ce pays de brasseurs de saké (outre l'alcool de riz distillé) présentait un bon terreau. Mais le riz et le maïs ne convenant pas pour l'élaboration - à l'étape du maltage -, un certain Masataka Taketsuru partira directement en Écosse. Là-bas il va s'imprégner des secrets et des connaissances nécessaires, au cœur même des distilleries où il apprendra un art qui sera adapté ensuite aux techniques et coutumes japonaises. Les deux allant de pair lorsqu'il s'agit de spiritueux...Il épousera d'ailleurs une écossaise ! Longtemps on a appelé le whisky « le roi des breuvages », et le terme vient du gaélique : Uisge beathea qui signifie eau de vie. On le sait, entre l’Ecosse et l'Irlande son cœur balance puisque les deux contrées se disputent ses origines, mais le whisky dans cette querelle n'a pas perdu son « esprit ».
Il a su charmer d'autres cultures qui ont réussi à s'en emparer presque tout à fait !
Au Japon, dès les années 20, seront créées les premières distilleries de whisky local.
Même si le modèle écossais semble rester la voie à suivre, le whisky japonais trouvera sa propre identité au fil des décennies. Bien des whiskies, aux nuances issues des recherches de leurs artisans, vont maturer puis éclore dans les distilleries nippones.
Dans celle qui nous occupe, la curiosité exacerbée de Kimio Yonezawa et son sens du goût ont conduit le maître artisan à innover pour offrir en partage à tous les amateurs de spiritueux ce qu'il considère comme le nec plus ultra.
La distillerie Kaiko s'est ainsi récemment pourvue d'alambics Forsyth’s, n'omettons pas cependant qu'elle s'érige au sein d'une brasserie historique d'Akashi, créée en 1856.
Tous les éléments de la tradition japonaise (bois de cerisier, tonneaux de liqueur umeshu) et ceux d'une parfaite maîtrise de l'affinage et de l'assemblage se rencontrent dans le whisky Hatozaki aux accents racés et chaleureux. Ce whisky pure malt est, en effet, vieilli plusieurs années en anciens fûts de sherry, de bourbon et de chêne blanc japonais (mizunara). Son style le rend propre aux traditions occidentales comme à la coutume japonaise d’allonger l'alcool d'eau glacée.
Ayant débuté sa carrière au Japon comme cadeau diplomatique offert par des navigateurs, le whisky se prête aux alliances, à l’heure de les sceller…Il s’accorde aux occasions d’échange et d’hospitalité. C’est ainsi que Kimio Yonezawa a imaginé Hatozaki Pure Malt, le fleuron de la distillerie Kaikyo : un whisky artisanal dont se dégage la douceur propice du climat océanique.
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